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Avec leurs montures épaisses aux finitions luxueuses immédiatement reconnaissables, les lunettes Jacques Marie Mage ont conquis tout Hollywood. Qui se cache derrière ces verres fumés que les happy few ont adoptés, de jour comme de nuit ? Françoise-Marie Santucci retrace le parcours d’un gamin auvergnat devenu star à Los Angeles.
L’an dernier à New York, sur le plateau de l’ultime saison de Succession, la série américaine aussi brillante que cruelle, de mystérieux échanges se déroulaient parfois hors caméra. Après de longues nuits de tournage par moins dix degrés, Kendall Roy, – Jeremy Strong, dans la vraie vie – adorait discuter avec son ami Jérôme Mage, à Los Angeles. L’acteur avait demandé au styliste français, quelques mois auparavant, d’imaginer les lunettes de soleil parfaites de son personnage, afin d’entrer encore mieux dans la peau de cet héritier maudit. « Nous partageons une folie commune : l’intensité dans ce qu’on entreprend. Je lui dis souvent : “You’re a method actor, I’m a method designer” », nous confie Jérôme Mage depuis son studio de LA, un soir de janvier. Deux paires du modèle « Ripley for KLR », verres très sombres et cadre rectangulaire, viril mais tellement sobre, furent ainsi fabriquées pour le comédien et son double. Cette démonstration de « quiet luxury » fit un carton sur les réseaux sociaux et chez les fétichistes du cool. Peu après, Jérôme Mage en éditait une série limitée à 100 exemplaires. Elle s’est envolée illico.
Les lunettes sont devenues l’objet sacré des défilés, l’accessoire essentiel. Et s’il y a bien une marque dont la mode ne peut plus se passer, c’est celle fondée par Jérôme Mage. On dit souvent que la chance n’est pas un hasard. De fait, le Français a eu le nez creux en lançant sa griffe quand l’univers de la lunette était encore assoupi, quand les acteurs du luxe fabriquaient des paires peu qualitatives. Lui était déjà prêt à surfer sur la vague du succès. En septembre, Jérôme Mage, 50 ans, fêtera les dix ans de sa maison de lunettes ultra-luxe Jacques Marie Mage (Jacques et Marie sont ses deux autres prénoms).
Dans le microcosme hollywoodien, ses lunettes bénéficient aujourd’hui des ambassadeurs les plus sexy qui soient : Margot Robbie (dans Barbie), Brad Pitt (Babylon), Leonardo DiCaprio, Jason Momoa, Austin Butler (Elvis) ou le basketteur Lebron James… Jérôme Mage crée également des montures avec les artistes qu’il admire, tel Dennis Hopper, ou, quand ses héros (Stanley Kubrick, Velvet Underground) ne sont plus là, avec leurs familles et ayants droit. Mais comment fait-il pour séduire autant ?
En visio depuis sa Californie, tel un gamin fiérot qui n’en reviendrait toujours pas, il sourit. Jérôme Mage s’avère bien plus loquace et drôle que son style très recherché pouvait le laisser craindre : veste blanche slim, crête parfaitement sculptée, fin collier à pendentif amérindien, lunettes semi- fumées, bagues imposantes et, en arrière plan, un mur de photos parmi lesquelles David Bowie époque Aladdin Sane ou un paysage aride du Southwest.
Sa « recette » est aussi simple qu’ oldschool. Une passion obsessionnelle pour son métier, des rencontres, beaucoup d’intuition. Son amie parisienne Lou Doillon, avec qui il a dessiné deux collections, se souvient de l’avoir croisé pour la première fois sur un shooting du photographe Craig McDean. L’entente fut immédiate. « Peu après, raconte-t-elle, Jérôme m’a proposé qu’on imagine des lunettes ensemble. Il m’a laissée tout essayer, me guidant et acceptant mes désirs pas toujours simples. » Ensemble, ils échangent des idées, moodboards et prototypes venus du Japon. « Le résultat était d’une grande beauté, poursuit Lou Doillon. Et d’une immense robustesse, mise à l’épreuve par mes enfants et mes molosses à quatre pattes !
FAN DE DYLAN ET BOWIE
S’il aime fréquenter certains artistes avec qui il collabore, tels que le designer Matthew McCormick ou le jeune plasticien Connor Tingley, s’il chérit toujours les mêmes musiques que jadis – Bob Dylan, David Bowie, Led Zeppelin –, s’il fréquente certains lieux branchés à Los Angeles (on peut le croiser au restaurant Giorgio Baldi à Santa Monica ou au marché aux puces de Rose Bowl), Jérôme Mage se tient loin de l’effervescence des parties à Mulholland Drive ou Beverly Hills. Quitte à laisser les stylistes gérer l’emballement des stars pour ses lunettes, quitte à fuir des DiCaprio ou Brad Pitt ? « Oui… Peut-être parce que je sais que ce monde-là pourrait me fasciner. Et qu’on peut s’y perdre, qu’on peut vous zapper très vite. »
« Il y a chez lui une vraie notion d’exclusivité, tout en étant hypercool, et avec cette aura frenchy : “Jacques Marie Maaaaage…”, rapporte, admiratif, Philippe Uter, styliste de célébrités lui aussi établi à Los Angeles. Mage vous donne envie d’être coquet. » Installé à New York, le styliste Michael Philouze renchérit : « C’est une vraie rencontre culturelle avec le marché américain : c’est ce qui fait partie du moteur, le mythe de vouloir conquérir, cette dimension très cinématographique dans la construction d’un personnage. Il a su construire le storytelling indispensable à un accessoire qui vient souligner une personnalité ».
Luxe, exclusivité et donc des prix stratosphériques : les modèles démarrent à 500 euros et grimpent jusqu’à 2 500 euros pour certaines éditions spéciales. Ce qui vaut un tel tarif ? Le style, architecturé, puissant, d’inspiration vintage fifties et seventies ; et la fabrication, uniquement à la main, dans les meilleurs ateliers japonais – soit la crème de la crème mondiale en matière d’artisanat lunettier. La collection « The Last Frontier » est l’acmé de ce travail de « haute monture » : en acétate épais mais doux comme de la soie, les lunettes affichent de larges branches d’allure western, avec des rivets dorés en forme d’éperon et des motifs en argent et turquoise, appliqués à la toute fin du processus par l’artiste Francisco Bailon, un Amérindien originaire du Nouveau-Mexique. Les autres modèles de JMM obéissent à une méthode quasi similaire. Un façonnage manuel de plusieurs mois au Japon, des procédés artisanaux centenaires et des éditions toujours limitées à 500 exemplaires maximum (parfois 50). Forcément, ça fait cher la paire.
Le marché de l’optique, estimé à 168 milliards d’euros en 2023, devrait croître de 8,5 % par a pour atteindre 297 milliards en 2030. « C’est un univers très compétitif car tout le monde fait des lunettes-abordables, milieu de gamme ou luxe », dit Jérôme Mage. Et ses chiffres à lui? No comment… Dans un secteur en recomposition où Kering et LVMH dominent les débats, ce farouche indépendant qui « vous donne l’allure d’une célébrité » (dixit le GQ américain) ne communique rien.
Jacques Marie Mage et ses différentes collections sont à découvrir en exclusivité au Bar à Lunettes et sur notre E Shop https://lebaralunettes.be/shop/collection/jacques-marie-mage/
Si les lunettes et le cinéma vous intéressent, ne manquez pas de relire notre article “ Lunettes blanches pour écran noir ” avec l interview exclusive de Philippe Reynaert , ex monsieur cinéma de la rtbf sur notre blog https://lebaralunettes.be/blog/quand-les-lunettes-font-leur-et-le-cinema-rencontre-avec-philippe-reynaert-linterview-lunettes-blanches-pour-ecran-noir/